La fin de l'année
approchant, l'heure des bilans a sonné. 2006 a été somme toute un grand cru
cinématographique, nous livrant quelques perles dont on se souviendra. Certes,
seuls peu des quelques 500 films sortis cette année laisseront leur trace dans
l'histoire du 7ème art. Rétrospective, mois après mois, de cette année (je ne
parlerai ici que des films que j'ai visionnés à ce jour) :
Janvier
Appelez-moi Kubrick,
de Brian W. Cook, entame médiocrement l'année. Cook, qui fut l'assistant de
Stanley Kubrick, réalise ici son premier film, qui met en scène le talentueux
John Malkovich dans le rôle d'un imposteur du Maître. Le scénario, inspiré d'un
fait réel, est répétitif et manque totalement de raffinement, c'est le moins
que l'on puisse dire. La semaine suivante, La Rumeur court... fait
son apparition sur les écrans. Cette comédie gentillette de Rob Reiner avec
Jennifer Aniston, Shirley MacLaine et Mark Ruffalo, constitue un agréable
divertissement pour qui souhaite reposer ses méninges. Orgueil et préjugés, adaptation
cinématographique du célèbre roman Pride
and Prejudice écrit par Jane Austen, constitue la première agréable
surprise de l'année. Réalisé par Joe Wright, qui signe ici son premier film,
cette adaptation modernisée séduit surtout par le jeu de ses acteurs, Keira
Knighley en tête. Cette même semaine sort ce qui constituera LE film de ce
début d'année, Le Secret de Brokeback
Moutain, comédie dramatique que l'on doit au taïwanais Ang Lee.
Merveilleusement interprétée par Heath Ledger et Jake Gyllenhaal, cette
love-story improbable et impossible bouleverse. En fin de mois, on ne peut
échapper au phénomène Munich,
vingt-cinquième film réalisé par Steven Spielberg. D'un intérêt historique
incontestable puisque retraçant l'assassinat d'athlètes israéliens par le
commando terroriste palestinien "Black
september" durant les Jeux Olympiques de Munich en 1972 et les
représailles du Mossad qui s'en suivent, on ne peut s'empêcher de bailler
devant ce film long et répétitif, malgré la prestation convaincante d'Eric
Bana, et celles, plus discrètes, de Daniel Craig et Mathieu Kassovitz.
Février
Le mois commence très mal pour le cinéma français. Dans la famille "on
prend les mêmes et on recommence 27 ans après, en moins bien", je demande Les Bronzés 3 : amis pour la vie. Nostalgie,
nostalgie... Non, décidément, le charme n'opère plus. En ce premier février
sort également Zathura : une aventure
spatiale, film d'aventure fantastique adapté du roman éponyme
de Chris Van Allsburg par Jon Favreau, dans la veine de Jumanji mais toutefois moins réussi que
son prédécesseur. N'oublions pas le sinistre Faux amis. Adapté du roman La Moisson de glace de Scott Phillips, réalisé par Harold
Ramis et interprété par John Cusack et Billy Bob Thornton, il constitue
assurément le thriller le plus sombre de l'année. Plus tard, Walk the Line retrace avec brio le
destin du chanteur country-rock Johnny Cash, dont le rôle est habillement
interprété par Joaquin Phoenix. Reese Witherspoon est elle aussi impeccable
dans le rôle de June Carter. James Mangold signe une biographie soignée. Second
film du réalisateur Ben Younger, Petites
confidences (à ma psy) constitue une comédie romantique légère
et sans prétention mais néanmoins pimentée par le jeu des deux grandes actrices
que sont Meryl Streep et Uma Thurman. Enfin, Fauteuils d'orchestre conclue le mois sur une note
de fraîcheur. Revisitant hélas les clichés avec platitude, Danièle Thompson
sait s'entourer d'acteurs compétents, telle que la pétillante Cécile de France,
pour donner du relief à ses films.
Mars
Bennett Miller
signe l'autobiographie de l'écrivain et journaliste américain Truman Capote,
magistralement interprété par Philip Seymour Hoffman, qui n'a pas volé son
Oscar. Capote nous apparaît comme un personnage d'une complexité extrême,
égocentrique, orgueilleux et détestable par bien des points mais néanmoins
fascinant. Réalisant son premier film, Bennett Miller ne s'en tire pas mal même
si on regrette le manque de rythme. Dans un tout autre genre, Destination
finale 3, de James Wong, est très décevant. Autant les deux premiers opus
se laissaient regarder un soir de grande fatigue cérébrale, autant celui-ci est
insipide. Le scénario est tiré par les cheveux, les scènes gores se succèdent
sans qu'il y ait le moindre suspense. Film d'épouvante raté ou comédie gore
bâclée ? Tout aussi peu convaincant, Basic
Instinct 2. Quatorze ans après le
premier opus, qui a acquis le statut de film culte, Sharon Stone retrouve son
pic à glace. C'est bien la seule constante puisque la réalisation a cette fois
été confiée (à tort ?) à Michael Caton-Jones plutôt qu'à Paul Verhoeven, le
rôle masculin principal est joué par David Morrissey, acteur britannique
inconnu du grand public, rôle précédemment interprété par Michael Douglas, bien
plus séduisant et Londres remplace San Francisco. Ajoutons à cela une intrigue
qui ne tient pas la route et la débâcle est totale. Et dire que le troisième
volet sera tourné en 2007 ! La Doublure de Francis Veber déçoit,
le réalisateur nous avait habitué à mieux. Comédie sentimentale légère et
plaisante, on ne retrouve toutefois pas les ingrédients qui avaient fait du Dîner de cons une comédie parfaitement réussie. Dommage.
Avril
En début de mois, on assiste avec émerveillement à
la suite des aventures de Manny le mammouth, Sid le paresseux et Diego le tigre dans L'Age de glace 2. Nos trois héros sont rejoints par une mammouth qui a de
petits soucis d'identité ainsi que par ses deux insupportables
"frères" oposums. Sans oublier Scrat, le rongeur tellement attachant
toujours en quête d'un gland, véritable film dans le film, qui acquiert plus
d'importance. Plus drôle, plus émouvant et encore plus beau graphiquement que
son prédécesseur, ce film d'animation réalisé par Carlos Saldanha est un
véritable coup de cœur. Plus underground, Wassup
rockers narre le
quotidien de jeunes latino-américains fans de punk-rock qui vont skater à
Beverly Hills, où leur présence est indésirable. Larry Clark réalise un
docu-fiction dérangeant mais extrêmement indigeste malgré une bande-son
rythmée. Huitième film d'animation relatant les aventures des deux célèbres
Gaulois, Astérix et les Vikings est une adaptation libre de la
bande-dessinée Astérix et les Normands. Les graphismes restent dans la continuité
de la saga mais le scénario est cousu de fil blanc et la volonté de modernisme
souvent agaçante. Un bon divertissement, malgré cela. V pour Vendetta nous plonge dans l'univers fantastique du Londres du 21ème
siècle. En adaptant au cinéma la bande dessinée éponyme, James McTeigue réalise
son premier film, et c'est une réussite. Mêlant habillement thriller politique,
action et science-fiction, ce blockbuster subversif et intelligent brille de
par ses effets spéciaux spectaculaires et la prestation remarquable des deux
acteurs principaux, à savoir Hugo Weaving et Nathalie Portman. Comédie
dramatique réalisée par Duncan Tucker, Transamerica nous conte les aventures d'un
transsexuel sur le point de subir une opération chirugicale visant à le
transformer définitivement en femme, quand il apprend l'existence d'un fils. La
Desperate Housewife Felicity Huffman excelle en transsexuel et
le scénario parvient à éviter les écueils d'un sujet délicat. Avril se termine
catastrophiquement avec deux comédies françaises lamentables : OSS
117, Le Caire nid d'espions et Camping. La
première a été adaptée des romans d'espionnage écrits par Jean Bruce par Michel
Hazanavicius et met en scène Jean Dujardin dans le rôle de l'agent OSS 117,
envoyé en mission en Egypte par le Président Coty. Pourquoi un tel engouement
de la presse pour une si piètre comédie, grotesque à souhait ? Après Brice de Nice, il était inconcevable que Jean Dujardin
puisse faire pire, maintenant c'est chose faite. Il aurait mieux fait de se
cantonner au petit écran. Si ce film a au moins le mérite d'être original, il
faut tout de même lui laisser cela, ce n'est guère le cas du Camping de Fabien Onteniente, qui dresse
le portrait de gentils beaufs en vacances. Air de déjà vu frappant. En résumé :
Les Bronzés, en pas drôle. John Malkovich se met dans la peau de Gustav Klimt et interprète ce personnage controversé qui fut sans doute
l'un des peintres les plus intéressants du début du 20ème siècle.
Malheureusement, le chilien Raoul Ruiz réalise une biographie qui n'en est pas
une, confuse et extrêmement soporifique.
Mai
En
début de mois, Ethan Hunt reprend du service sur les écrans. Après Brian de
Palma et John Woo, c'est au tour de J.J. Abrams, réalisateur des excellentes
séries télévisées Alias et Lost, de réaliser les
aventures du célèbre agent secret. Combinant une intrigue digne du premier
volet et des scènes d'action tout aussi spectaculaires que dans le second, M : i : 3 ne déçoit pas. Mission accomplie pour Tom Cruise, toujours
aussi séduisant, ainsi que pour Philip Seymour Hoffman, parfait dans le rôle du
méchant. 17/05/06, cela fait longtemps que l'on attend cette date. En ce jour
sort l'adaptation cinématographique du roman de Dan Brown, Da Vinci Code. Et quelle déception ! Heureusement, à cette même date on
retrouve également la bouleversante comédie dramatique de l'espagnol Pedro
Almodovar, Volver, avec la sublime Penélope Cruz
dans le rôle principal. La semaine suivante, on retrouve les célèbres mutants
du comic-book Marvel dans X-Men
l'affrontement final.
Prenant le relais avec Bryan Singer, qui a réalisé les deux premiers chapitres
de la trilogie, Brett Ratner cherche à rester dans la continuité de son
prédécesseur mais ne semble pas avoir été spécialement inspiré. Sofia Coppola,
en revanche, interprète l'Histoire à son aise en dressant un portrait certes peu
conventionnel mais franchement divertissant de la reine Marie-Antoinette. Quant à Michel Royer et Karl
Zéro, ils revisitent quarante ans d'archives télévisuelles et réalisent un faux
autoportrait divertissant de notre Président. Si les images ne mentent pas, la
voix off présidentielle, remarquablement bien imitée par Didier Gustin, lui
fait dire ce qu'elle veut. A ne pas prendre pour argent comptant donc, Dans la peau de Jacques
Chirac se révèle être davantage une comédie qu'un véritable documentaire, ne nous
apprenant par ailleurs rien que l'on ne sache déjà. Autre icône nationale,
Zinedine Zidane est à l'honneur dans Zidane, un portrait du XXIème siècle. Ce
documentaire tourné en 2005 au cours d'un match opposant le Real Madrid à
Villareal ne fait rien de plus que de montrer le footballeur sous tous ses
angles durant l'intégralité de la rencontre, et ce grâce à dix-sept caméras
haute-définition. Zizou court, tombe, crache, transpire, remonte ses
chaussettes, et le spectateur s'ennuie fermement ! A noter tout de même :
l'excellente bande-son signée Mogwai.
Juin
Les studios Pixar livrent un Cars médiocre, innovant mais au scénario fade et bien trop
moralisateur. Poséidon, film catastrophe de Wolfgang
Petersen, se classe en première position des navets de l'année en raison d'un
scénario incohérent et hyper-prévisible et de dialogues risibles. Nanar encore,
Scary Movie 4 n'a rien à lui envier. Réalisé
par David Zucker, à qui l'on doit également le troisième opus de la saga, cette comédie pour teenagers en mal d'humour
scato parodie des films à succès tels que Le Village, La Guerre des
mondes, King Kong, The Grudge, Saw ou encore Million
Dollar Baby avec un mauvais goût certain. La bêtise est à son paroxysme.
Film d'horreur d'Alexandre Aja, La
Colline a des yeux se
révèle être un réel cauchemar pour le
spectateur. Seul film se démarquant du lot en cette période de fête du cinéma
peu propice à la sortie de chefs d'œuvre du 7ème art, Paris je t'aime, qui consiste en une succession de dix-huit courts
métrages traitant de l'amour dans la capitale.
Juillet
Film
d'animation drôle et rythmé produit par DreamWorks, Nos voisins, les hommes divertit petits et grands.
Reposant sur le concept du film dans le film, Tournage dans un jardin anglais du britannique Michael Winterbottom, réalisateur du sulfureux
9 Songs, est à réserver aux inconditionnels de Steve Coogan et de
l'humour british. Dix-neuf ans après Superman
IV, le super-héros fait son
come-back sur grand écran, avec aux manettes Bryan Singer. Superman Returns mérite
le détour pour ses effets spéciaux époustouflants et sa beauté sans précédent. Comédie
familiale lourdingue et profondément mauvaise, Camping Car conclut ce mois de canicule sur une fausse note de
la part de Barry Sonnenfeld.
Août
Septembre
Little Miss Sunshine, road movie américain qui a reçu tant
d'éloges, laisse
perplexe. Satire du rêve américain comme on en a vu beaucoup, il consiste en un
enchaînement de clichés ponctués d'une dose de bons sentiments à en vomir. Jason
Reitman s'attaque au tabac et aux lobbies américains dans Thank You for Smoking, une
comédie politiquement incorrecte mais remarquablement menée par Aaron Eckhart.
Beaucoup moins inspirée, l'adaptation cinématographique du best-seller éponyme écrit par Lauren Weisberger, Le
Diable s'habille en Prada est une comédie
médiocre. Seule Meryl Streep, qui excelle dans son rôle de garce, mérite une
mention spéciale.
Octobre
Click n'est
autre qu'une comédie fantastique moralisatrice d'une médiocrité affligeante. The
Queen, en revanche, dresse un portrait d'Elizabeth
II d'une finesse remarquable, grâce à la brillante interprétation d'Helen
Mirren notamment.
Novembre
Le mois débute avec la
sortie du dernier Woody Allen, qui nous promet une dose généreuse de rire. Scoop marque
le retour du cinéaste américain à son genre de prédilection, à savoir la
comédie policière. Ce n'est pas un chef d'œuvre comme le maître a pu en
réaliser mais on s'amuse follement et on retrouve avec joie Scarlett Johansson,
la nouvelle muse du réalisateur ? Shortbus montre du sexe pour montrer du
sexe. Ce ne sont pas tant les scènes crues qui choquent mais plutôt l'absence
de scénario. Autant regarder un film X… Seule la présence de titres inédits de
groupes tels que Yo La Tengo, Animal Collective ou The Hidden Cameras valent le
détour. Brian De Palma transpose le roman de James Ellroy, Le Dahlia noir, au
cinéma. Enigmes embrouillées, situations confuses, le spectateur a bien du mal
à s'intéresser à ce polar noir, malgré la présence d'acteurs talentueux. Borat, leçons culturelles sur l'Amérique au profit
glorieuse nation Kazakhstan, se veut être une énième satire de la société américaine mais Sacha
Baron Cohen présente le Kazakhstan d'une manière peu flatteuse. Qui est
réellement visé dans cette farce, c'est la question qu'on vient à se poser. Le
comique anglais, plus connu sous le nom d'Ali G, ridiculise tour à tour les
habitants du Kazakhstan, homophobes et obnubilés par le sexe et la société
américaine, chauviniste et puritaine. Amateurs d'humour scatologique, foncez !
Pour les autres, s'abstenir. Le 21ème opus de la saga James Bond, Casino Royale, s'est
fait attendre. Le résultat est à la hauteur des espérances. Malgré les
protestations des fans quant à la titularisation de Daniel Craig, ce dernier endosse
merveilleusement le costume de l'agent secret, se révélant être à la hauteur de
Sean Connery. La française Eva Green, dans le rôle de la première James Bond
Girl, est sublime. Adaptation du premier roman de Ian Fleming, l'intrigue est
bien menée, le rythme est soutenu, à aucun moment l'ennui ne laisse pointer le
bout de son nez au cours de ces 2h18 de suspense. A noter également le thème de
Chris Cornell, ex-leader du groupe Soundgarden, You Know My Name.
Toutefois, on regrette l'absence de Q et de ses précieux gadgets. Chef d'œuvre
de Martin Scorsese au casting impressionnant, Les Infiltrés est
l'adaptation du film hongkongais Infernal Affairs. Film
de gangsters à l'intrigue menée tambour battant et à l'interprétation
impeccable des acteurs - notamment Leonardo Di Caprio et Jack Nicholson – il
s'inscrit en bonne place dans la filmographie de Scorsese, dix ans après Casino.
Décembre
Déjà vu est un policier fantastique prenant réalisé par
Tony Scott, à qui l'on doit le cultissime Top Gun. Le scénario est
intelligent mais malheureusement truffé d'incohérences. En bref, film
divertissant qui ne prétend pas à autre chose.